C’est à Valenciennes, dans sa région d’origine, que Jérémie Janot a découvert le football. En 1993, alors qu’il évolue en moins de 15 ans, ses parents déménagent à Saint-Étienne pour des raisons professionnelles et il est autorisé à effectuer un essai à l’ASSE.
C’est donc sous le maillot Vert que Janot poursuit son apprentissage (il est en effet recruté), jusqu’en équipe réserve. Au passage, il est récompensé par quatre sélections en équipe de France Junior.
Ses grands débuts en équipe première datent de la saison 1996-1997 en Ligue 2. L’ASSE, qui vient de descendre en D2, a de gros problèmes financiers. Les résultats sportifs sont également décevants et le club doit se résoudre à vendre ses éléments les plus prometteurs. En décembre 1996, le gardien Grégory Coupet, promis au plus bel avenir, est ainsi transféré chez le voisin lyonnais.
Malgré la présence de l’expérimenté Gilbert Ceccarelli, l’entraîneur stéphanois Pierre Mankowski n’hésite pas à lancer un certain Jérémie Janot, 19 ans, petit mais costaud.
Avec une équipe à la dérive, l’ASSE connaît une fin d’année très difficile et flirte avec la relégation en National, terminant finalement à la 17ème place. Janot, qui dispute tout de même 14 rencontres, a l’occasion de se mettre en valeur, notamment lors du dernier match couperet de la saison face à Troyes. Dans ce match de la peur, une défaite est synonyme de relégation en National et de mort quasi-certaine pour le club (dépôt de bilan). Janot parvient à préserver le 0-0 grâce à un arrêt réflexe à la 87ème minute, « le plus important de ma carrière » (Janot).
Lors de l'été 1997, il part en Malaisie disputer le championnat du monde des moins de 20 ans. Gardien remplaçant de la sélection de Gérard Houiller, il n’entre pas en jeu mais vit tout de même une belle aventure sous le maillot bleu Ensuite, il met 5 saisons à se faire une place au soleil forézien.
Les dirigeants de l’époque (1997), le jugeant encore trop tendre pour être titulaire, recrutent un gardien plus expérimenté en la personne de Jérôme Alonzo. Aussi, Janot ne dispute que le premier match de la saison 1997-1998 avec les pros. Il doit à nouveau se contenter de l’équipe réserve.
La saison 1998-1999 fut en revanche une réussite totale pour l’ASSE, qui remporte le championnat de D2 et retrouve l’élite. En fin de saison, Alonzo se fracture la cheville (au SDF face au Red Star) et Janot est titularisé pour les 9 derniers matches de championnat. Hélas, l’équipe, déjà assurée de monter, se démobilise avant la fin du championnat. Aussi, les Verts encaissent plus de buts, concédant quatre défaites et quatre nuls lors des huit dernières journées. La responsabilité en rejaillit un peu sur Janot, contesté pour sa petite taille et ses sorties aériennes hasardeuses, sans assurance.
Un peu fou-fou sur le terrain à l’instar d’un Pascal Olmeta, il est même qualifié de gardien kamikaze.
En conséquence, lors des deux saisons en L1, de 1999 à 2001, de nouveaux gardiens viennent renforcer l’effectif stéphanois. C’est tout d’abord Philippe Montanier (actuel coach de V.A et futur coach du la Real Sociedad !), en fin de carrière, qui vient faire concurrence à Janot pour le rôle de doublure d’Alonzo. Janot parvient tout de même à disputer 5 matches de championnat, réalisant ainsi ses grands débuts en L1, notamment lors d’une victoire à domicile 5-4 face à Montpellier (sous une tempête de neige).
La saison suivante, Robert Nouzaret fait venir l’ukrainien Maxim Levystsky pour endosser le costume de titulaire. Janot n’est (encore une fois) que le 3ème gardien du club !
Or, la saison est très agitée :
- le limogeage surprise et injuste de Nouzaret en septembre 2000 (remplacé par le gallois Toshack, un coach clown qui passa plus de temps à se remplir le bide à La Poularde de Montrond-les-Bains qu’à faire gagner les Verts)
- les errements d’Alonzo (baisse de niveau)
- l'affaire des faux passeports, dans laquelle est directement impliqué le gardien de but titulaire des Verts (Levytsky)
Tout ceci conduit Janot à être titulaire à partir du mois de décembre 2000.
Le départ de l’Ukrainien au mercato hivernal et la fuite de Toshack en Espagne (!), remplacé par un tandem Rudi Garcia (champion cette saison avec le LOSC !) et Jean-Guy Wallemme, maintiennent Janot dans ce statut de goal titulaire pendant la deuxième moitié de saison 2000-2001.
Pourtant, lors de la saison 2001-2002 (L2), Janot n’est toujours pas considéré comme un titulaire à part entière !
Sa carrière est chaotique et il pourra certainement en faire un best-seller s’il écrit ses mémoires.
Malgré la (nouvelle) relégation en Ligue 2 et le départ d’Alonzo, Alain Michel (nouvel entraîneur), fait venir Dominique Casagrande pour préparer le futur !
Les résultats sont très médiocres. Alain Michel (et son pathétique 3-5-2) est rapidement remplacé par Frédéric Antonetti.
Néanmoins, Casagrande est l’un des meilleurs stéphanois de la saison, et Janot ne dispute qu'un seul match de championnat (saison 2001-2002).
A 24 ans, alors qu’il arrive en fin de contrat, on commence à penser que la carrière de Janot ne va jamais décoller, et qu’il va végéter en Ligue 2 pour toujours.
Or, au moment où le doute s’installe, Janot s’envole. Il signe une prolongation de 2 ans en mai 2002. Personne ne s’y attendait vraiment, mais cette décision est prise à la demande d’Antonetti, qui semble compter sur lui.
Fin octobre 2002, profitant de la grave blessure de Casagrande (dont les performances étaient devenues beaucoup moins convaincantes), Janot est à nouveau propulsé sur le devant de la scène. Il sait pourtant qu’il n’a pas le droit à l’erreur. D’ailleurs, le jeune et prometteur Camerounais Carlos Kameni est embauché au mercato (janvier 2003) pour le mettre en concurrence. Grâce à des prestations impeccables, Janot parvient à clouer Kameni sur le banc et, malgré le retour de blessure de Casagrande, il conserve le rôle de titulaire jusqu’à la fin de la saison.
C’est le début de l’ascension pour Janot. Il va rester l’indiscutable gardien n°1 des Verts et franchir un à un tous les échelons, jusqu’à devenir l’un des meilleurs gardiens de but français (on a parlé de lui en équipe de France A entre 2004 et 2006).
En 2003-04, bien qu’approché par Amiens à l’intersaison, Janot n’hésite pas et choisit de rester à l’ASSE pour effectuer sa dernière année de contrat. A 26 ans, il réalise sa première saison pleine, malgré la présence de Fabien Debec. Sa progression est flagrante et il inspire désormais pleinement confiance aux supporters foréziens. L’ASSE obtient son ticket pour la Ligue 1 et Janot est sacré champion de France de Ligue 2 pour la seconde fois de sa carrière avec, au passage, le titre de meilleur gardien de L2, ce qui est pleinement mérité.
Avec (de nouveau) une prolongation de contrat de 2 ans, Janot se met rapidement au niveau de l’élite, malgré quelques doutes sur ses capacités.
L’arrivée d’un nouvel entraîneur (Antonetti est remercié et Elie Baup revient à Saint-Étienne) et la présence de Ronan Le Crom ne changent rien à son destin.
Son explosion est toujours en cours.
Preuve de sa confiance en lui, il s’extériorise complètement avec un tatouage tribal et des tenues excentriques conçues spécialement pour lui par la marque locale Duarig. Les résultats suivent avec, en point d’orgue, un record historique de l’après-guerre : il détient en effet le record d'invincibilité à domicile en Ligue 1 avec 1534 minutes. Sa série commença le 6 novembre 2004 et s'acheva le 21 septembre 2005.
Récompense de ses belles performances, il prolonge à nouveau son contrat pour 3 saisons supplémentaires.
En 2005-06, la médiatisation retombe un peu. La série d’invincibilité a pris fin et surtout, Janot doit se contenter de tenues plus sobres.
Peu importe : il est devenu le « chouchou » du public, une valeur sûre de l’effectif. Plus question de chercher à le remplacer, l’ASSE sait qu’elle dispose d’un très bon gardien aux réflexes exceptionnels, avec un mental d’acier trempé.
Malgré son gabarit plutôt moyen (1 mètre 76) pour son poste, il a réussi à l’ASSE. Il a percé et est devenu la coqueluche du Chaudron.
Dur dur dans ces conditions de parler de relève…
Qu’il devienne moyen, critiquable, ou qu’il soit convaincant, le débat est ouvert depuis 3 saisons déjà : comment faut-il gérer l’après Janot ?
Lorsqu’on sait qu’une partie des fans en font subjectivement leur symbole, tout changement brutal pourrait lancer une vindicte populaire.
En 2006, il est décisif dans les moments-clés. Contre Nantes il se mue même en passeur décisif ! Alors que les Verts perdaient 2 à 1 à Nantes, Janot déserta son but à la 93e minute sur un corner stéphanois. Il fit une talonnade pour Vincent Hognon qui marqua. Janot entre donc dans la liste très restreinte des gardiens auteurs de passes décisives !
Malgré son âge, il se posa en candidat sérieux au poste de titulaire en Equipe de France pour l'Euro 2008. Il est l'emblème du Chaudron.
L’après-Janot, on en parle depuis trois ans, sans réussir à réaliser un passage de témoin en douceur.
Pourtant les messages furent clairs : Jody Viviani devint (époque de Laurent Roussey et Hasek) titulaire et on ne revit plus Janot pendant un bon bout de temps (saison 2007-2008, Viviani disputa 17 rencontres sous le maillot, menaçant grandement Janot).
En 2008-2009, Viviani démarra la saison titulaire (12 matches disputés) jusqu’au limogeage de Laurent Roussey.
En juin 2009, après une saison ratée (les Verts finirent 17e et faillirent descendre sous le commandement du duo Alain Perrin – Christophe Galtier), et après le départ de Jody Viviani à Grenoble, les dirigeants des Verts gèrent de nouveau très mal le dossier « gardien de but ». En effet ils recrutent Vincent Planté, le gardien titulaire de Caen.
Une arrivée que n’apprécie que moyennement Jérémie Janot, qui voit là encore une envie de l’éjecter de son poste de n°1 sans cesse remis en question depuis qu’il porte le maillot vert.
On le sait, la concurrence à ce poste peut être aussi bénéfique que destructeur.
Janot espérait bien retrouver sa place de numéro 1, mais Alain Perrin souhaite pousser le natif du Nord vers la sortie.
Le recrutement de Vincent Planté (Caen) est venu remettre en cause les ambitions du gardien de 31 ans.
« Quand on contacte tous les portiers de France et de Navarre, j’ai l’impression d’être pris pour un bête ! » (Janot).
Vincent Planté affirma pour sa part n’avoir reçu aucune garantie quand à la hiérarchie des gardiens et se réjouit de cette concurrence qu’il qualifie de saine : « Ce sera à moi de prouver aux entraîneurs que je peux mériter cette place de numéro 1, mais rien n’est fait par avance. Il y aura une concurrence saine et ardue avec Jérémie. ».
Alain Perrin affirma que la hiérarchie ne serait établie qu’après les entraînements d’avant saison et les matchs amicaux.
« En terme de qualité, nous avons deux gardiens n°1. » (Alain Perrin)
Vincent Planté joue le dernier match de préparation à Bourg-en-Bresse face à Sochaux (alors que Janot part jouer avec la CFA !), et finalement c’est la surprise : lors du coup d’envoi de la saison 2009-2010, c’est…Janot qui garde les cages stéphanoises !
Une gestion d’équipe digne d’Alain Perrin (il fit ses valises quelques mois plus tard).
Néanmoins, malgré tout le bien que l’on pense de lui, malgré tout l’amour qu’on lui porte, il va falloir tourner la page.
C’est inévitable.
Chaque saison cette problématique fut posée, mais cela en devient ridicule. Faut-il attendre qu’il accumule les plus grosses bourdes de l’histoire du foot professionnel pour le pousser dehors ?
L’amour aveugle du public doit-il empêcher de le transférer ?
Jérémie Janot aura 34 ans en octobre prochain : est-ce une bonne chose de jouer la partition de l’amour aveugle ? Doit-on attendre que ce soit lui qui décide de son avenir au sein du club ?
Doit-on lui demander comment il souhaite finir ?
Faut-il le remplacer par un jeune (Jessy Moulin) ou par un gardien expérimenté venant renforcer l’effectif ?
Plus on attend, plus les saisons passent, et plus on risque de mal gérer ce dossier.
Un jour, ce genre de mauvaise gestion se payera cash.
Par une chute en L2 ?